À l’approche de la Journée mondiale sans téléphone portable le 6 février, la Fondation pour l’Enfance publie son premier baromètre sur la perception de l’impact du numérique sur les 0-6 ans en partenariat avec l’IFOP. Objectif : établir un état des lieux précis, à partir de l’éclairage à la fois des parents (échantillon représentatif de 603 parents) et des professionnels de santé (403 médecins généralistes et pédiatres)

Les chiffres révèlent plusieurs enseignements majeurs. D’une part, le numérique est un sujet clé pour les parents comme les médecins. Néanmoins, malgré cette vraie prise de conscience, il existe un déficit de connaissances et de compréhension chez les parents : les médecins estiment en effet que ces derniers appréhendent mal les enjeux du développement de leur enfant et qu’ils sousestiment l’impact de leurs propres usages numériques à la maison.

Impact des écrans sur le développement de l’enfant : un risque bien identifié par les médecins que les parents ont encore du mal à appréhender

Le lien entre l’usage des écrans et les difficultés de développement chez l’enfant est évident chez 9 médecins sur 10. Ce lien est fortement observé dans le cas d’un temps d’exposition excessive (à 85%) comme dans le cas d’un contenu inadapté (à 90%) et particulièrement par les pédiatres Les médecins constatent principalement les troubles du comportement à égalité avec le problème de sommeil (84%) et les troubles de l’humeur (78%). Viennent ensuite les troubles de l’attention, la sociabilité, le surpoids et l’obésité, le langage, la maîtrise du vocabulaire, les performances cognitives et l’hyperactivité.

Les parents partagent le même sentiment : 65% des interrogés estiment que l’usage des écrans impacte fortement le développement des enfants. A l’instar des médecins, les troubles du comportement sont la conséquence la plus observée par les parents. 

65% des interrogés estiment que l’usage des écrans impacte fortement le développement des enfants.

Pour autant, au quotidien, la régulation effective du temps d’écran au sein des foyers pose encore question. En effet, 19% des parents avouent que les écrans ont pris beaucoup de place dans leur sphère familiale et qu’ils n’arrivent plus à contrôler leur usage. D’ailleurs,  de nombreux parents peinent à évaluer l’impact des écrans dans différentes situations. 

Ainsi, les parents ont conscience que leur propre utilisation des écrans impacte leurs enfants (adhésion supérieure à 80%), mais de façon modérée dans la mesure où les répondants sont très partagés sur le fait que cela impacte « fortement » leur enfant : par exemple, seul 1 parent sur 2 estime que donner à manger à son enfant en regardant les notifications ou utiliser le téléphone pour lire une histoire avant de se coucher impacte fortement le développement de leur jeune enfant.

Cette tendance plus tempérée des parents résulte d’une certaine méconnaissance selon les professionnels de santé. En effet, 2/3 des médecins interrogés estiment que les parents ne sont pas suffisamment informés sur les étapes du développement cognitif et émotionnel de l’enfant ni sur la sensibilisation aux impacts des usages numériques de l’enfant. Seul 1 parent sur 2 se dit prêt à instaurer des temps d’activité communs, 44% à éteindre la télé pendant les repas, et seulement 22% à désactiver les notifications.

L’exposition indirecte des écrans, un enjeu de santé publique qui doit faire l’objet d’une campagne nationale : le plaidoyer de la Fondation pour l’Enfance

Assez logiquement, les médecins estiment que pour mieux informer les familles au sujet de l’usage des écrans, il faudrait avant tout renforcer les campagnes d’information et de sensibilisation (83%), établir des recommandations claires sur l’usage du numérique par les parents et les enfants (70%) et enfin proposer des ateliers pour informer sur l’impact du numérique sur le développement des enfants (64%).

Les messages de prévention suscitent par ailleurs des jugements plus mitigés chez les médecins que les parents. Ainsi, les parents sont plus nombreux à penser que les messages sont clairs (72%, vs 58% des médecins), qu’ils alertent suffisamment sur les dangers du numérique (62%, vs 50%), tandis que les médecins les trouvent davantage « trop éloignés de la réalité à partir du moment où le numérique fait partie de la vie de toutes les familles aujourd’hui ». Les deux publics restent assez d’accord sur le fait que les messages sont trop généraux et qu’ils sont basés sur les opinions de chacun plutôt que sur des démonstrations scientifiques (58% des médecins, vs 54% des parents).

Ce baromètre conforte notre plaidoyer pour une campagne nationale de santé publique sur les usages numériques au sein de la sphère familiale. Celle-ci doit permettre d’informer les adultes de l’importance des interactions parents-enfants, donner des repères et diffuser des recommandations officielles, claires et non-culpabilisantes 

Vincent Dennery, Directeur de la Fondation pour l’Enfance

La Fondation pour l’Enfance appelle ainsi à une prise de conscience générale qui doit passer par la mobilisation de l’État comme de la société civile – et particulièrement des entreprises. En plus d’une grande campagne nationale, l’association propose 4 actions concrètes de prévention :

  1. Rendre obligatoires, dans le carnet de grossesse, les informations sur l’impact des usages numériques familiaux sur le tout-petit, ainsi que des recommandations sur la bonne utilisation des écrans en famille comme avancé par Mme Caroline Janvier dans sa proposition de loi déposée le 22 janvier 2022 à l’Assemblée nationale. La Fondation pour l’Enfance propose également d’étendre cette obligation au carnet de santé.
  2. Équiper les professionnels de la petite enfance de recommandations claires et précises et d’outils pratiques, leur permettant de délivrer des discours appropriés et clairs aux parents sur les bonnes pratiques numériques en familles.
  3. Établir une obligation d’information de ces impacts par les producteurs, éditeurs et hébergeurs de solutions numériques pour les enfants, comme cela avait été proposé par Madame Catherine Morin-Desailly dans sa proposition de loi déposée au Sénat le 5 septembre 2018 
  1. Inciter les entreprises du secteur tertiaire à s’engager dans la prévention et l’accompagnement de leurs salariés sur la question des usages numériques en famille. Le développement du télétravail depuis la crise sanitaire pose la question de la responsabilité des entreprises dans la présence des écrans à la maison. La mise en place et le suivi d’une charte et d’un label national, mais aussi l’organisation d’ateliers intra-entreprise comptent parmi les leviers que promeut la Fondation pour l’Enfance. Son partenaire, LER – Les Entrepreneurs Réunis, s’est engagé avec son réseau à répondre à cet appel pour lancer les premières actions de sensibilisation sur le lieu de travail. 

À propos de la Fondation pour l’Enfance : Depuis 1977, la Fondation pour l’Enfance, reconnue d’utilité publique, s’attache à repérer et à lutter contre les violences faites aux enfants. Elle détecte les dispositifs innovants portés par le champ associatif et joue le rôle de pépinière de projets.

Publié par Rédaction

EdtechMood - Bruxelles

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